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La ville de Jasper aborde la nouvelle année avec inquiétude et espoir

durée 06h40
27 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

JASPER — Cette année, les enfants de Kim Stark ont pris la responsabilité de décorer le sapin de Noël familial.

Les décorations comprennent des petites voitures, des pièces de casse-tête, de la ficelle et des jumelles, des objets que ses trois jeunes filles avaient à portée de main après que la famille ait perdu sa maison dans l'incendie dévastateur de Jasper cet été.

«J'ai le plus beau sapin de la planète, a déclaré Mme Stark. Il fait partie de notre histoire et de qui nous sommes.»

«Si (les enfants) sont heureux, je suis heureuse», a-t-elle ajouté.

Mme Stark fait partie intégrante de la ville de Jasper. Elle est membre du service d'incendie depuis 10 ans et est propriétaire d'un café et d'une boulangerie.

Sa famille, ainsi que trois animaux à fourrure et un poisson, vivent dans un condominium pendant qu'ils reconstruisent leur maison.

«Notre maison manque aux enfants et nous en parlons», a affirmé Mme Stark.

«Nous nous assurons d'aller dans notre quartier, pour qu'il ne devienne pas le quartier de quelqu'un d'autre.»

Mme Stark et d'autres résidents sont inquiets et nerveux pour l'avenir après l'incendie qui a frappé la ville le 24 juillet dernier.

Environ 5000 résidents et 20 000 visiteurs ont été évacués en toute sécurité avant que l'incendie ne se propage à l'ouest de la ville et ne détruise 350 maisons et entreprises, dont 820 logements. Le Bureau d'assurance du Canada a estimé les dégâts à 880 millions $.

Six mois après l'incendie, les débris sont toujours en cours de nettoyage, lot par lot.

Les habitants, dont Mme Stark, sont prompts à dire que la situation aurait pu être pire. Mais l'anxiété liée aux conditions de vie temporaires et à ce qui pourrait être un processus de reconstruction long et lent inquiète de nombreux résidents et dirigeants municipaux à l'approche de 2025.

En attente de logements

Pour Sabrina Charlebois et David Leoni, la principale préoccupation est le projet de logements modulaires de 112 millions $ du gouvernement de l'Alberta. Il s'agit d'installer 250 unités locatives préfabriquées dans la ville et de les louer aux personnes déplacées par l'incendie.

Le ministre des Services sociaux de la province, Jason Nixon, a déclaré que les premières maisons devraient être prêtes à la fin du mois de janvier ou au début de février, et les autres en avril. La majorité d'entre elles seront des suites à plusieurs chambres pour accueillir des familles.

«Si nous pouvons obtenir toutes nos approbations à temps, nous serons certainement à temps pour pouvoir construire dans le contexte de ce que nous avons promis», a déclaré M. Nixon.

C'est compliqué, a-t-il ajouté, étant donné qu'il y a plusieurs niveaux de gouvernement dans une ville de l'Alberta située dans un parc national.

Mme Charlebois est née et a grandi à Jasper. L'incendie a détruit la maison de son enfance, construite par son défunt père, ainsi que le salon où elle travaillait.

«C'est mieux que rien», a-t-elle dit à propos du projet de logements, notant qu'au moins 2000 résidents ont été déplacés, de sorte que la demande pourrait dépasser le nombre de nouvelles unités.

Mme Charlebois, qui séjourne dans un hôtel, a affirmé qu'il était compréhensible que des projets comme celui-ci prennent du temps. Mais «cela fait six mois que cela dure et il n'y a plus de logements pour personne».

«Ma crainte est de ne pas trouver un endroit où vivre, car je dois quitter mon hôtel d'ici le printemps», a-t-elle expliqué.

M. Leoni, dentiste et ancien biathlète olympique, et sa famille ont également perdu leur maison, tout comme sept employés de sa clinique. Il a indiqué que la date limite d'avril à laquelle Mme Charlebois est confrontée s'applique également à son personnel séjournant dans des hôtels.

«J'espère que cela coïncidera avec l'ouverture par le gouvernement provincial de ces unités modulaires qu'il installe, car nous allons perdre du personnel», a affirmé M. Leoni. «Sans eux, je ne peux rien faire.»

La clinique devait remplacer du matériel d'une valeur de 160 000 $ et avait besoin d'un nettoyage complet avant la reprise des rendez-vous en octobre.

M. Leoni estime que sa liste de patients a diminué d'un tiers à cause de l'incendie. Il reste à voir si ces patients reviendront.

La place des touristes

Mme Charlebois et M. Leoni ont tous deux déclaré que leur anxiété est accrue lorsqu'ils considèrent la nature imprévisible de l'économie touristique de la ville et la façon dont elle pourrait compliquer le rythme de la reconstruction.

C'est un dilemme : les habitants ont besoin de logements pour reconstruire et relancer l'économie, mais ils ne peuvent pas relancer l'économie sans les touristes. Et les touristes ont besoin de services, qui nécessitent des travailleurs, qui ont besoin de logements.

Bill Given, l'administrateur en chef de la ville, a déclaré qu'il était optimiste quant à la capacité de la municipalité à «trouver le bon chemin».

Il a toutefois ses propres inquiétudes en ce qui concerne la reconstruction, notamment la complexité du fonctionnement de Jasper sous la surveillance à la fois du gouvernement fédéral et du gouvernement provincial.

«Un risque associé à cela est que les programmes individuels des différents ordres de gouvernement prennent le pas sur l'intérêt public dans la réalisation de ce dont Jasper a besoin», a affirmé M. Given.

«Je pense qu'il existe également un risque, peut-être un peu moins important, que les intérêts privés prennent le pas sur l'intérêt public plus large.»

Le maire de Jasper, Richard Ireland, qui a perdu sa maison dans l'incendie, a soutenu qu'ils devaient trouver une solution.

«L'échec n'est une option pour personne, a dit M. Ireland. Nous n'avons qu'une seule chance de réussir, et c'est ce que nous devons faire.»

Jack Farrell, La Presse Canadienne

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