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Le superministre de l'Économie et de l'Énergie Pierre Fitzgibbon démissionne

durée 19h27
3 septembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Coup de tonnerre en politique québécoise: le superministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, responsable du Développement économique régional et de la métropole, Pierre Fitzgibbon, quitte ses fonctions.

La nouvelle a créé une véritable onde de choc, mardi, car même si les rumeurs laissaient entendre que M. Fitzgibbon ne finirait pas son mandat, plusieurs s'attendaient à ce qu'il mène à terme sa réforme de l'énergie.

La démission de Pierre Fitzgibbon — un ami du premier ministre François Legault — survient au moment même où les députés caquistes sont réunis en caucus à Rimouski pour préparer la rentrée parlementaire.

À son arrivée à Rimouski mardi après-midi, M. Legault a fait savoir qu'il était prévu que son ministre, qui est âgé de 69 ans, prenne la parole devant ses collègues en début de soirée pour annoncer sa décision.

«On a un souper prévu depuis longtemps avec tous les députés ce soir, a-t-il déclaré. Pierre Fitzgibbon va d'abord parler aux députés, puis je vais vous rencontrer demain matin avec (lui) pour vous donner tous les détails.»

Plusieurs élus caquistes n'ont pas caché leur surprise à leur arrivée à l'Hôtel Rimouski.

«C'est quand même un choc, s'est exclamé le ministre du Travail, Jean Boulet. J'ai toujours été impressionné par ses compétences, ses habiletés, son réseau de connaissances. (...) C'est une perte, selon moi, qui est extrêmement importante.»

«Écoutez, j'étais un peu surpris. C'est quelqu'un qui a contribué énormément à notre gouvernement au cours des dernières années. Ma première réaction, c'est de le remercier», a ajouté le ministre de la Santé, Christian Dubé.

Selon la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, «c'est une grande perte, (...) mais on doit juste respecter son choix. Ce n'est pas simple la politique».

Il n'empêche qu'un départ en cours de mandat, «ce n'est jamais plaisant», a lancé la ministre des Relations internationales, Martine Biron.

La démission de Pierre Fitzgibbon obligera le premier ministre Legault à remanier son cabinet et à déclencher une élection complémentaire dans Terrebonne, au moment où le Parti québécois (PQ) mène dans les intentions de vote.

Réactions des oppositions: les fleurs et le pot

Depuis le caucus présessionnel de son parti à Gatineau, la députée libérale Marwah Rizqy a tenu à remercier «Pierre Fitzgibbon, un homme d'une très grande qualité».

Selon la députée de l'opposition, qui a raconté que Pierre Fitzgibbon était souvent venu en aide aux entreprises de sa circonscription, la démission du ministre est «une perte pour le Québec».

Marwah Rizqy a également profité d'un point de presse impromptu mardi après-midi pour demander au premier ministre François Legault de «retirer» le projet de loi 69 sur l'énergie.

«On parle d'un projet de loi qui a été conçu et réfléchi par un homme: Pierre Fitzgibbon», a indiqué la députée de Saint-Laurent qui a réclamé «des consultations nationales» sur l'énergie.

«C’est lui qui pilotait cet important projet de loi, alors qui sera capable, mardi prochain, de répondre à nos questions et aux questions de la quarantaine de groupes?», a demandé le chef par intérim du PLQ, Marc Tanguay, en faisant référence au projet de loi sur l'énergie qui doit être étudié cet automne.

De son côté, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a indiqué que malgré les désaccords, il tenait à «saluer l'engagement politique de Pierre Fitzgibbon, un homme qui n'a jamais eu la langue dans sa poche tout au long de sa carrière politique».

Sur le réseau social X, le chef du PQ a toutefois écrit qu'il constatait que «Pierre Fitzgibbon quitte le navire en pleine tempête, alors qu'il a lui-même déclenché cette tempête».

Comme les deux députés libéraux, Paul St-Pierre Plamondon a fait référence à l'épineux dossier de l'énergie, dont M. Fitzgibbon était responsable jusqu'à aujourd'hui.

«Alors que nous nagions dans les surplus énergétiques il y a à peine deux ans, la CAQ a fait le choix de dilapider notre énergie en la vendant au rabais à la grande entreprise et aux États-Unis», a indiqué M. St-Pierre Plamondon.

Lors d'un point de presse, le chef du PQ a demandé au premier ministre d'effectuer rapidement un remaniement ministériel «de sorte qu'à travers ses 89 députés, quelqu'un prenne le dossier de l'énergie et qu'une autre personne prenne le dossier de l'économie et que ces gens-là fassent leurs devoirs».

Le porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière d'économie et d'innovation, d'énergie et de finances a souligné l’implication de Pierre Fitzgibbon.

Haroun Bouazzi a toutefois souligné sur X que «sa démission se produit à un moment particulièrement grave où Northvolt a du plomb dans l’aile, où le ministre a bradé de manière accélérée tous les mégawatts disponibles à des multinationales étrangères et où le mégaprojet de loi sur l'énergie reçoit des critiques de toute part».

Selon le député de QS, le départ du ministre est «l’occasion de faire les choses autrement».

Un politicien près des entrepreneurs

Avant de se lancer en politique en 2018, Pierre Fitzgibbon a occupé le poste d'associé directeur chez Partenaires Walter Capital, une société de placements privés. Il a également occupé divers postes en finance, en développement d'entreprise et en développement des affaires.

Sur le réseau social X, le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ) a remercié Pierre Fitzgibbon «pour son engagement envers le développement économique du Québec».

Karl Blackburn a souligné que le ministre démissionnaire «comprenait les entrepreneurs et l'économie comme peu d’élus» de l'Assemblée nationale et que «sa vision et son leadership ont teinté l'action du gouvernement».

Soulignons que M. Fitzgibbon a toutefois eu plusieurs accrochages avec la commissaire à l'éthique de l'Assemblée nationale, Ariane Mignolet, en raison notamment de ses nombreux liens d'affaires.

Stéphane Blais, Caroline Plante et Thomas Laberge, La Presse Canadienne