Poilievre dit qu'il ne connaît que deux genres et qu'il a d'autres priorités
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a déclaré mercredi qu'il ne connaît que deux genres, le masculin et le féminin, et que le gouvernement devrait laisser de côté les questions relatives à l'identité sexuelle.
Une organisation LGBTQ+ de premier plan a réagi aux commentaires de M. Poilievre en disant que le fait de nier l'existence des personnes transgenres et des personnes de genre différent pourrait contribuer à l'augmentation de la discrimination et de la violence à leur endroit.
Dans une entrevue accordée à la chaîne d'information CP24, M. Poilievre a été interrogé sur la signature par le président Donald Trump d'un décret déclarant que les États-Unis ne reconnaissent que deux genres et que ceux-ci sont immuables.
M. Poilievre a répondu qu'il ne connaît pas plus de deux genres et que si l'animateur en avait «d'autres que vous voulez que je prenne en compte, vous pouvez me le dire tout de suite».
Questionné à savoir s'il demanderait aux États-Unis de reconnaître le marqueur neutre «X» qui figure sur les passeports canadiens, M. Poilievre a préféré parler du coût de la vie.
Il a dit que d'autres politiciens pouvaient discuter de l'identité sexuelle, mais que sa priorité est de veiller à ce que les Canadiens puissent s'offrir les produits de base.
«Ma priorité est de redonner aux gens le contrôle de leur vie et de rétablir la promesse du Canada selon laquelle toute personne qui travaille dur reçoit un chèque de paie qui permet d'acheter de la nourriture, de l'essence et des maisons dans des quartiers sûrs et à des prix abordables. C'est la promesse dont nous avons besoin pour les Canadiens», a-t-il affirmé.
«Si les libéraux veulent parler des différentes étiquettes de genre qu'ils veulent apposer sur les passeports aux États-Unis, ils peuvent le faire. Je vais parler des choses qui permettront au Canada de tenir sa promesse», a-t-il ajouté.
En réponse aux remarques de M. Poilievre, la directrice générale de l'organisme Égale Canada, qui défend les droits des personnes LGBTQ+, a soutenu qu'il était essentiel que tous les dirigeants politiques défendent les personnes transgenres et de sexe différent à une époque où la désinformation et la haine sont de plus en plus répandues.
«Nier l'existence des personnes transgenres et des personnes de genre différent, c'est ignorer des décennies de recherche médicale et psychologique, ainsi que les voix des personnes directement touchées. Cela contribue à la discrimination, à la haine et à la violence. Les personnes transgenres et de genre différent ont toujours existé et existeront toujours», a indiqué Helen Kennedy dans un communiqué de presse, mercredi.
«Un jeu dangereux»
Fae Johnstone, militante transgenre et directrice de Queer Momentum, a dit en entrevue que les personnes transgenres veulent vivre leur vie sans ingérence gouvernementale.
Selon elle, certains gouvernements provinciaux conservateurs tentent d'y faire obstacle en établissant des règles qui affectent explicitement les jeunes transgenres et leurs familles.
Mme Johnstone a déclaré qu'il s'agissait d'une «option de lâche» pour M. Poilievre de faire autre chose que de défendre la liberté et l'égalité des personnes LGBTQ+. Elle a ajouté qu'il était «hypocrite» de parler de bâtir un pays libre et égal pour tous si cela exclut les personnes transgenres et leurs familles.
«C’est dégoûtant que des politiciens fassent de la petite politique sur des questions sociales qui nécessitent une conversation mûre et nuancée. Il menace tout ce qui fait du Canada un pays dans lequel je suis fière de vivre et dans lequel je suis si reconnaissante d'avoir grandi», a-t-elle déploré.
Le député libéral Rob Oliphant a également critiqué M. Poilievre, écrivant sur les médias sociaux qu'il «s'inspire du livre de jeu de Donald Trump».
«Laissez les transgenres tranquilles et concentrez-vous sur les vraies questions qui importent aux Canadiens», a lancé de son côté le sénateur indépendant Kristopher Wells.
De nombreux messages sur les médias sociaux appuyaient les commentaires de M. Poilievre. Des extraits de cette entrevue ont été diffusés d’innombrables fois.
M. Poilievre a déjà exprimé son soutien à l'interdiction des femmes transgenres dans les sports féminins et à l'idée des «droits parentaux».
En février dernier, il avait affirmé que «les espaces féminins devraient être exclusivement réservés aux femmes et non aux hommes biologiques».
Il n’est également pas favorable à ce que les enfants transgenres prennent des bloqueurs de puberté et croit que les thérapies hormonales d'affirmation de genre ne devraient être accessibles qu'aux adultes.
Mme Johnstone a déclaré que M. Poilievre «joue un jeu dangereux» en essayant d'apaiser les éléments les plus à droite de la base conservatrice.
«Nous risquons de ternir notre longue et fière histoire en tant que pays sûr pour les personnes LGBTQ+, en tant que pays où la liberté inclut tout le monde. Il est hypocrite chaque fois qu'il parle de liberté si cette liberté exclut ma communauté et les familles des enfants transgenres.»
Alessia Passafiume, La Presse Canadienne