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Histoire du commencement : récit mythologique des Hurons-Iroquois – partie I

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22 octobre 2012
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Saviez-vous qu’il y a, ici même à Sorel-Tracy, un site archéologique inscrit au Répertoire du patrimoine culturel du Québec ? Le site archéologique Mandeville, classé en 1975, contient les vestiges d'un petit village semi-permanent horticole d'Iroquoiens du Saint-Laurent occupé brièvement vers 1500 de notre ère.

Le site, qui fait partie d'une propriété résidentielle privée du chemin Saint-Roch, est situé sur la première terrasse sablonneuse surplombant la rive ouest de la rivière Richelieu et trouve à huit kilomètres en amont de la confluence de cette rivière avec le fleuve Saint-Laurent.

On a relevé un certain nombre de sites iroquoiens au Québec. Dans notre belle région, outre Mandeville, on a identifié des sites sur les rives du lac Saint-Pierre, de la rivière Richelieu et de la rivière Saint-François, ainsi qu’à Lanoraie et Saint-Roch.

Par ailleurs, le centre culturel de Tracy présentait en 1988 une exposition intitulée Mandeville, un village iroquoien à Tracy; exposition pour laquelle la ville gagna le prix du Gala du Mérite économique 1989, dans la catégorie « Tourisme ».

On oublie trop souvent que les premiers occupants de Sorel-Tracy étaient des Iroquoiens – groupe d’Amérindiens composé des Hurons, des Andastes, des Pétuns, des Neutres et des Iroquois. D’ailleurs, la rivière Richelieu s’appelait alors la rivière des Iroquois, puisqu’elle servait de route à ces derniers pour chasser et, éventuellement, attaquer les voyageurs et les Français qui s’établissaient progressivement sur les bords du fleuve Saint-Laurent.

Reconstituer l’histoire des peuples amérindiens est relativement difficile pour les périodes les plus reculées puisque l’absence d’écriture a laissé peu de traces. Pourtant, l’héritage amérindien dans la culture du Canada détient une place importante. Nous n’avons qu’à penser aux toponymes : plusieurs états fédérés portent un nom d’origine amérindienne (Canada, Québec, Yamaska, pour ne nommer que ceux-là). Même chose du côté des fleuves et des éléments géographiques, de même que certains mots (wawaron, mocassin, toboggan, canot, manitou, totem, etc.).

Lorsqu’on prend un objet pour l’exposer, tel qu’on a pu le faire lors de l’exposition de 1988 à Tracy, on perd beaucoup de sens puisqu’on sort cet objet de son contexte. Tout cela donne place à l’interprétation, mais nous n’en avons pas le choix, car il est important de mettre à la disposition du public ces artéfacts. Il est difficile, voire impossible, de faire de l’histoire sans interprétation et sans idéologie. Voilà où les archives entrent en jeu : les faits sont influencés par les interprétations et les idéologies de l’époque. En s’y référant, il nous est alors possible de couper notre regard contemporain sur un évènement. Il importe de faire le lien entre des objets historiques et leur univers culturel propre. D’où l’importance de faire « parler » les archives. En effets, ces documents et objets font partie intégrante d’un « devenir » mythologique et possèdent toujours ce caractère spirituel témoignant du temps où ils étaient utilisés rituellement.

Dans cette optique, permettez-moi de faire différent et de vous transmettre aujourd’hui un récit mythologique des Hurons-Iroquois, interprété librement à partir d’un de nos fonds d’archives, plutôt que de ne vous présenter que des faits historiques. Il faut savoir que le récit mythologique permettait aux Iroquoiens – de réinventer la création du monde et l’émergence de l’humanité. C’était une tentative d’interpréter l’essence même de la nature et de la société. Voici donc l’histoire de la création du monde :

Au début, il n’y avait que de l’eau dont rien ne troublait la surface, mis à part les vents qui faisaient sursauter doucement cette longue mer. Au-dessus de l’eau, le maître du monde, Taronhiawagon, avait installé une voûte qui la couvrait toute entière. Il la nomma « Ciel ». Il laissa ensuite venir à la vie toutes sortes d’animaux; des poissons, des tortues géantes, des castors, des loutres, des rats musqués, des loups-marins et même quelques créatures monstrueuses. Toute cette faune vivait dans l’eau. Il remplit également le ciel avec des oiseaux de toutes formes et de toutes grosseurs.

Puis, Taronhiawagon fit naître les premiers six hommes sur le dos de la Grande-Tortue, ancêtre qui porte en elle l’esprit de sa race. Pur se déplacer, ces hommes chevauchaient les poissons, mais afin de survivre, ils durent trouver des moyens pour se déplacer eux-mêmes. À l’aide de la peau du loup-marin, ils se construisirent un canot. Dans les os de baleine, ils se taillèrent des flèches et ils se fabriquèrent des lignes avec des intestins d’animaux, ainsi que des hameçons en écailles de poisson.

Ils étaient heureux, car ils ne savaient pas encore que vivre, c’était aussi vieillir et mourir. C’est une chose difficile à comprendre pour ces hommes qui voyaient chaque chose renaître au printemps. Pour eux, leurs cheveux étaient devenus gris par l’action de Matcomeck, le dieu de l’hiver. Pourtant, ils finissent par se rendre compte que leurs membres sont de moins en moins forts et de moins en moins agiles, que leurs yeux voient moins loin qu’avant et moins clair aussi. La mort d’autres animaux ne leur laisse plus de doute sur leur sort. Ils sont tristes de savoir que ni leur force, ni leur vie ne sont éternelles. Ils sont tristes surtout parce qu’ils n’ont pas de descendants.

Agohao, un des six hommes, se souvint alors qu’un jour, alors qu’il chassait, il avait abattu d’une flèche un énorme serpent de mer. Ce dernier devint la proie des oiseaux qui se jetèrent sur lui pour le dévorer. Parmi eux, Agohao remarqua de grands oiseaux qui parlaient. Il comprit alors que ceux-ci étaient des ancêtres et il les écouta attentivement. Ils parlaient d’un paradis se trouvant au-dessus du ciel; un endroit qui rendait le bonheur parfait et où un être semblable aux hommes avait été placé là par Taronhiawagon et qu’il avait appelé « femme ». Agohao se dit que, par n’importe quel moyen, il devait se rendre à cet endroit et trouver la femme qui, peut-être, connaissait plus de choses que lui sur l’homme et sur la vie.

Mylène Bélanger, archiviste en chef, Société historique Pierre-de-Saurel

www.shps.qc.ca

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