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La Semaine de la sécurité nautique bat son plein

C'est le moment de profiter de sa piscine, oui, mais en toute sécurité

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20 mai 2024
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Par La Presse Canadienne

La Semaine de la sécurité nautique bat son plein. Et cette opération de sensibilisation signifie aussi que l'heure tourne pour les propriétaires de piscines construites avant novembre 2010, à l’approche de leur avant-dernier été pour se mettre en conformité avec le Règlement sur la sécurité des piscines résidentielles. 

Depuis le 1er juillet 2023, ceux-ci ne sont plus exemptés de suivre les règles imposées par la loi, tandis que clôtures et échelles amovibles sont censées se multiplier dans la province. Les propriétaires concernés ont jusqu’au 30 septembre 2025 pour se mettre en règle, rappelle le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation dans un communiqué publié vendredi. Les contrevenants risquent une amende entre 500 et 700 $. 

C'est sur une recommandation faite par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) en 2021 que Québec a décidé d’élargir la réglementation. L’organisme relevait alors qu’il n'y avait pas eu de baisse significative des noyades en piscines résidentielles chez les enfants de moins de cinq ans depuis 2010, année de promulgation du Règlement sur la sécurité des piscines résidentielles. Entre 2002 et 2019, il y avait eu, en moyenne, par an, dans la province, deux à trois décès d’enfants de moins de cinq ans à la suite d’une noyade dans une piscine résidentielle. Les hospitalisations étaient quant à elles au nombre de huit. 

Les données colligées par le bureau du coroner et la Société de sauvetage du Québec indiquent que les noyades en piscines résidentielles représentent 11% des cas de noyade dans la province, qui surviennent principalement en eau libre. Bien que minoritaires, l’INSPQ insiste sur le fait que les noyades en piscine résidentielles peuvent être évitées grâce à des mesures de sécurité simples à appliquer. 

Pour la sécurité des enfants, mais pas que

C’est principalement la sécurité des enfants en bas âge qui motive la réglementation québécoise. Les noyades de jeunes enfants dans une piscine résidentielle surviennent généralement en dehors des heures de baignade, c’est-à-dire que l’enfant avait eu accès à la piscine alors qu’il était momentanément sans surveillance. Cependant, un phénomène relativement nouveau émerge, celui de noyades d'adultes de 65 ans et plus, fait remarquer Raynald Hawkins, le directeur général de la Société de sauvetage du Québec. 

Ce sont, dit M. Hawkins, des personnes qui ont décidé de se baigner seules et qui ont des défaillances cardiaques ou autres. «Elles ont eu accès à la piscine résidentielle au détriment des autres occupants, et lorsqu'on les recherche, on les retrouve dans le fond de la piscine. Ça, c'est le genre de petite histoire qui, malheureusement, nous arrive maintenant au Québec.» 

D'ailleurs, le patron du sauvetage québécois insiste très fortement sur le fait que, peu importe son âge, il ne faudrait jamais se baigner seul, tant en piscine résidentielle qu’en eau libre. «Autant c'est clair pour les enfants, ne jamais se baigner seuls, mais pour nous...» Il rappelle qu'une fois sur deux, les victimes de noyade, mortelle ou non, étaient seules, et ce peu importe l'activité aquatique ou nautique. «Si personne n'est avec vous, qui peut tenter de vous secourir? Qui peut appeler le 911? Et malheureusement, il est trop tard lorsqu'on se met à votre recherche», insiste M. Hawkins. 

Cependant, la meilleure des mesures pour éviter la noyade reste d’apprendre à nager. Le DG de la Société de sauvetage indique que l’on peut apprendre à nager dès l’âge de 4 ans, sa motricité étant suffisante à partir de cet âge.

«Avant 4 ans, ce qu'on recommande, ce sont des programmes d'acclimatation parent-enfant ou préscolaires, explique M. Hawkins. Dans ce cas-là, le parent descend dans l'eau avec l'enfant pour s'amuser dans l'eau, il suit les consignes et les conseils de la personne qui fait l'animation ou à la formation, telle qu’apprendre à faire une étoile sur le dos.» 

La manoeuvre simple a le mérite de pouvoir sauver la vie de l’enfant, car «si jamais il tombait dans l'eau, son premier réflexe serait de faire l'étoile sur le dos afin de maintenir cette respiration dont on a besoin et pouvoir être capable de récupérer l'enfant à la surface plutôt qu'au fond de l’eau.» 

Toujours dans cette perspective, M. Hawkins est en discussion depuis l’an dernier avec le gouvernement afin d’élargir au maximum le programme Nager pour survivre, qui apprend gratuitement à nager aux élèves de 8 ans et plus des écoles participantes.

Apprendre à nager au plus grand nombre

En 2023, le nombre d’élèves ayant participé au programme était évalué entre 12 000 et 15 000. Un chiffre bien maigre comparé à l’Ontario, où ils sont 100 000. 

M. Hawkins a calculé que si le programme était étendu à toutes les écoles primaires du Québec, quelque 95 000 enfants pourraient en bénéficier. Certes, l’élargissement n’est pas encore total, mais l’année scolaire 2023-2024 devrait établir un record qui fait la joie du directeur: 22 000 élèves devraient avoir appris à nager grâce au programme. «Nous allons poursuivre cet engagement-là auprès des enfants de camp d'été ou de camp de jour, se réjouit M. Hawkins. Sans oublier que vous avez maintenant de plus en plus de municipalités qui emboîtent le pas à vouloir offrir des cours de natation gratuitement dans les piscines extérieures de leur municipalité, en saison estivale.» 

Selon le rapport mondial sur les noyades publié par l’Organisation mondiale de la santé en 2014, au Canada, la noyade est l’une des cinq premières causes de décès chez les enfants de 1 à 14 ans. 

Pour l’heure, le décompte des noyades au Québec depuis le début de l’année est de 9, tous environnements confondus. Un chiffre largement inférieur à celui de l’année passée à pareille date, qui était de 19. Même si cette forte baisse semble encourageante sur le papier, il s’agit plutôt d’un retour à une normale, car 2023 avait connu un nombre de noyades record. Remis dans un contexte plus large, le nombre de 9 s’inscrit plutôt dans la tendance à la baisse légère que les services de secours ont pu noter depuis quelques années. 

«Il reste que pour nous, une noyade, c'est toujours une noyade de trop, parce qu'on le sait qu'elle est évitable, cette noyade-là», fait valoir Raynald Hawkins. La Société de sauvetage précise d’ailleurs que les noyades non mortelles peuvent potentiellement laisser des séquelles qui peuvent influer sur le fonctionnement des personnes qui en ont été victimes, à divers degrés, et que celles-ci peuvent évoluer au fil du temps. 

Caroline Chatelard, La Presse Canadienne

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