Georges Laraque évoque son enfance à Sorel-Tracy
Après une carrière dans la Ligue nationale de hockey, dont deux saisons avec les Canadiens de Montréal, le défenseur Georges Laraque a vu le deuxième rêve de sa vie se concrétiser : celui de publier un livre.
Georges Laraque, La force d’y croire nous permet de découvrir l’homme qui se cache derrière celui qu’on a souvent cantonné dans le rôle de « policier de la LNH ». Aujourd’hui retraité, il est engagé politiquement auprès du Parti vert du Canada et s’investit également dans diverses actions humanitaires et écologiques. Dans cette biographie, le hockeyeur de 35 ans y raconte notamment son enfance à Sorel-Tracy et le racisme dont il a été victime.
Rencontré lors du lancement officiel de son livre, Georges Laraque se rappelle bien de son enfance passée au 8755 de la rue D’Argenson à Sorel-Tracy, le domicile familial où il habita de 1982 à 1992 avec ses parents, son frère Jules Edy et sa sœur Daphney. « À l’école, j’ai toujours été un élève super populaire. J’avais plein d’amis. Quand on jouait au hockey dans la rue, on se retrouvait une trentaine de jeunes. »
Toutefois, les choses prennent une allure toute autre lorsqu’il met les pieds à l’aréna. « À Sorel, l’expression « patinoire – pas de ti-Noir », bien, c’était comme ça. J’étais comme un extraterrestre. Il y avait beaucoup de jeunes qui n’avaient jamais vu de Noir et ils disaient que le hockey n’était pas fait pour moi », se souvient-il. La situation avait atteint un point tel que son père, alors qu’il jouait au niveau pee-wee, n’avait réussi à l’inscrire dans aucun club. « Et on parle des ligues maison où habituellement, tout le monde peut jouer. C’est fou!, poursuit-il. Donc, il m’a retiré du hockey pendant un an.»
Inspiré par Jackie Robinson
Dans son livre, Georges Laraque explique qu’il excellait dans tous les sports et que son père, originaire d’Haïti, souhaitait le voir évoluer dans le soccer. Toutefois, le jeune Laraque était convaincu qu’il pouvait réussir dans le hockey. « Mes parents n’aimaient pas que je joue au hockey parce qu’ils pensaient que la haine que je vivais allait m’affecter plus vieux. Ils venaient à l’aréna et ils entendaient le monde me traiter de tous les noms et me crier après. Ils étaient des dizaines de jeunes que j’étendais tout le temps. Moi, je cachais que ça m’affectait. Mais le soir, quand j’étais tout seul, je pleurais. J’étais tellement orgueilleux. »
À huit ans, la lecture du livre du joueur de baseball « Jackie Robinson…un bon exemple de courage », le premier joueur noir de l’histoire de la ligue américaine, est une révélation. Au lieu de s’effondrer et de donner raison à ceux qui l’intimident, il fonce. « Je les utilisais comme motivation pour me rendre dans la Ligue nationale. Quand j’ai réussi, j’ai dédié ma carrière à ceux qui m’avaient dénigré durant mon enfance. Certains m’ont envoyé des emails pour s’excuser. Je trouve ça exceptionnel et j’ai accepté leurs excuses, c’est sûr!», assure-t-il.
Certes, il est conscient que les jeunes répétaient surtout ce que leurs parents leur disaient. « À l’époque, on devait être la seule famille noire à Sorel-Tracy. Il y a 20-25 ans, ce n’était pas aussi ouvert qu’aujourd’hui. » D’ailleurs, il précise que le choix de Sorel-Tracy s’était fait en raison du travail de son père, ingénieur de formation, qui avait déniché un boulot aux Poudres métalliques.
Les insultes cesseront enfin pour Georges Laraque lorsqu’il fréquentera le collège Brébeuf à Montréal. « Mais en-dehors de ça, j’ai gardé encore beaucoup d’amis qui viennent de Sorel-Tracy. Le soccer, c’était incroyable! Tony Devos, c’est un de mes très grands amis », conclut-il.
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